L’auteure
islandaise Audur Ava Olafsdottir, découverte en France avec son
roman Rosa Candida, a
publié cet hiver un nouveau récit aussi étonnant que réconfortant.
« Tu
savais que l’homme est le seul animal à pleurer ?
- Non, je
l’ignorais. Je croyais que c’était le seul animal à rire. »
Jonas
Ebeneser, 49 ans, passe son temps à bricoler, notamment pour les
femmes de sa vie, les trois Gudrun : sa mère, son épouse et sa
fille. Mais un jour, c’est lui qui aurait bien besoin d’être
réparé, brisé par un secret longtemps gardé par sa femme. Jonas
pense alors au suicide et décide de partir mettre fin à ses jours
dans un pays en guerre. Il emmène tout de même sa caisse à outils
et sa perceuse ainsi que les carnets intimes de ses vingt ans qu’il
vient de retrouver… Là-bas, il trouve une chambre à louer dans un
hôtel qui, comme les habitants qu’il rencontre au fil des jours, a
besoin de sacrées réparations après les ravages de la guerre
civile.
En
islandais, « ör » signifie « cicatrice ». Un
titre parfait pour ce roman sur la réparation. « Se remet-on
jamais d’être né » interroge l’un des personnages.
Cicatrices physiques ou psychologiques, cicatrices de guerre ou
cicatrice originelle, celle de notre naissance, nous vivons tous avec
des cicatrices.
Abordant un thème grave avec humour et sensibilité,
par une écriture sobre, « Ör » est une ode à la vie.
Truffé de petites phrases qu’on a envie de noter pour mémoire,
comme des proverbes ou des condensés poétiques qui aident à vivre
ou redonnent le sourire en quelques mots bien trouvés. Avec
fantaisie, l'auteure sonde l’humanité grâce à des personnages
attachants. Ce roman est une bouffée d’air frais, une consolation !
Ör
d'Audur Ava Olafsdottir, traduit de l'islandais par Catherine
Eyjólfsson, paru aux éditions Zulma en octobre 2017,
19 €.