« Mai
68 fut une convergence, c'est comme si des milliers de petites
rigoles avaient abouti au même point, formant un lac d'impatience
qui ne pouvait que déborder »
Documentaires,
récits, bandes dessinées, les publications sur Mai 68 fleurissent à
l’occasion des cinquante ans de l'événement, reflétant le
pluralisme des interprétations qu’il suscite.
Un
arbre en Mai de Jean-Christophe Bailly,
publié au mois de janvier, bien en amont de cette vague éditoriale,
dénote. Rédigé en 2004, ce court récit personnel, qui n’est ni
un roman ni un texte historique, « cherche à atteindre […]
l'air d'un temps soulevé par une tornade à la fois immense et
légère. » Tirant le fil de ses souvenirs en un « archipel
désordonné », Jean-Christophe Bailly nous entraîne à
Nanterre où, étudiant de 19 ans, il oscillait entre romantisme
révolutionnaire, militantisme discontinu, voyage au pays du
rock’n’roll, écriture et poésie.
A
travers la métaphore de l'arbre, notamment les « arbres de
mai » de la Révolution française, plantés en signe de
liberté, Jean-Christophe Bailly propose une « visite »
du passé et de la jeunesse. Une visite d'un arbre planté puis mort,
l'essentiel étant finalement « d'avoir planté un arbre, ou
plein de petits arbres qui devaient former une forêt frémissante à
la surface d'un pays engoncé ». Il évoque l'étonnement de
tous face à la rapidité à laquelle les événements se
précipitèrent :
« Nous n'en revenions pas, et c'est sans
doute aussi pourquoi il fut si difficile, pendant longtemps, d'en
revenir vraiment. »
Un livre touchant qui éclaire avec
délicatesse cet événement controversé.
Un
arbre en mai de Jean-Christophe Bailly,
éditions du Seuil (Fiction & Cie), janvier 2018, 10 €.