Ces cinq nouvelles
ressuscitant des souvenirs personnels d'Hermann Hesse furent écrites
entre 1896 et 1949. « Mon enfance » et « Mon
camarade Martin » évoquent le monde de l'enfance, les amitiés
oubliées resurgissant soudainement du passé, les caprices de la
mémoire, tandis que « La leçon interrompue » et « Le
mendiant » révèlent la naissance chez le jeune Hermann Hesse
de questionnements éthiques sur la pauvreté et la richesse, la
charité, la compassion, la vérité et le mensonge. Avec « Histoire
de mon Novalis », Hermann Hesse, véritable bibliophile, nous
entraîne à travers l'histoire des différents possesseurs d'un livre de sa bibliothèque personnelle.
« Je ne possède rien de plus précieux que
ma bibliothèque, rien qui me rende plus heureux et dont je sois plus
fier. »
Par sa plume légèrement
lyrique, raffinée, imprégnée de poésie, l'auteur décrit à
merveille l'enfance, son insatiable curiosité, son attrait pour les
choses de la nature, l'éveil de son intelligence, sa recherche de
vérité mais aussi sa révolte contre les erreurs grossières de
méthodes éducative et pédagogique tels les châtiments corporels,
inutiles et humiliants, pratiqués par les adultes.
« L'existence de
bien des personnes gagnerait en sérieux, en probité, en déférence,
si elles conservaient en elles, au-delà de leur jeunesse, quelque
chose de cet esprit de recherche et de ce besoin de questionner et de
définir ».
Il y invoque l'importance
des histoires, merveilleuses ou mythologiques, la découverte de
l'école qui inaugure les prémisses de la vie sociale, et s'attarde
dans plusieurs récits à décrire les amitiés, enfantines et
adultes. Hermann Hesse dévoile le fonctionnement surprenant, parfois
troublant voire effrayant de la mémoire, à travers le surgissement,
alors qu'il était enfant, du souvenir de son ami Brosi, mourant,
qu'il avait enseveli au plus profond de sa
mémoire alors qu'ils étaient inséparables quelques mois auparavant, ou encore ce moment
passé avec son camarade de collège Martin, dont ils garderont l'un et l'autre un
souvenir complètement différent et contradictoire. Qui se trompe ?
Qui a raison ? Chacun, selon son état d'esprit du moment, a pu
être amené à fabriquer un souvenir. Hermann Hesse réalise
à quel point son « amour de la narration bien
faite » peut l'avoir amené à déformer des événements et
des expériences. Il aborde avec justesse l'impossibilité pour
l’écrivain de saisir complètement la réception lectorale :
« Nous parlons à des êtres que nous connaissons mal et dont
nous savons qu'ils lisent déjà comme une langue étrangère nos
paroles et les signes qui les représentent. »
Un recueil de nouvelles
difficile à résumer, car il parle à la fois de petits rien et de
questions philosophiques, fondamentales, avec une grande
sensibilité et un immense pouvoir évocateur.
Camille
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